Kathy Baig

Les participants des cohortes de la certification en éthique et conformité ont rencontré Kathy Baig en tête à tête lors d’une conférence exclusive. Une rencontre inspirante et instructive; en voici la synthèse.

Kathy Baig préside l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) depuis 2016. Son engagement au sein du conseil d’administration de l’organisation a toutefois commencé en 2013, lorsque des scandales de corruption étaient mis au jour quotidiennement pendant les travaux de la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, présidée par la juge France Charbonneau.

Les ingénieurs et les ingénieures étaient alors malmenés en raison des manquements éthiques commis par quelques pairs et révélés lors de cette enquête publique. Ces confessions révoltantes ont incité Kathy Baig à s’investir au sein de l’Ordre pour redorer le blason de cette profession qui lui est si chère.

Avec transparence et humilité, elle explique comment elle a pu opérer un virage stratégique au sein de l’ordre professionnel pour rétablir sa réputation et celle de ses membres en intégrant l’incontournable dimension éthique dans la prise de décision.

Aller au fond des choses

« C’est une poignée d’ingénieurs qui ont entaché la réputation des 65 000 membres, affirme Kathy Baig en se remémorant les inconduites dévoilées pendant la commission Charbonneau. On ne les voulait pas dans nos rangs. On a pris les mesures pour les sanctionner et les exclure. »

Une fois les procédures de sanction engagées, la gestionnaire a élaboré un nouveau plan stratégique, avec l’aide de son équipe, pour redresser l’image de l’Ordre et, surtout, améliorer les mécanismes de protection du public.

« Parfois, ça peut être tentant de faire les choses à moitié ou de tourner les coins ronds pour se sortir la tête de l’eau. On a [plutôt] décidé de miser sur une approche axée sur la transparence. On a eu le courage de ne pas considérer seulement le droit et la morale, mais aussi l’éthique, pour s’assurer que quoi qu’il arrive, on soit toujours capables de regarder en arrière et de dire qu’il n’y a pas de squelette dans notre placard. »

Se donner les moyens

Pour éviter une nouvelle crise, Kathy Baig a su rallier le conseil d’administration afin de donner les moyens au syndic de l’Ordre pour enquêter sur les membres sur qui pesaient des soupçons de collusion et de corruption, en plus de ceux ou celles qui auraient fait preuve de négligence professionnelle.

« L’équipe du syndic s’est adjoint les services d’enquêteurs professionnels et de juristes spécialisés en collusion. Elle a complètement changé sa façon de travailler », rapporte la dirigeante de l’Ordre.

L’ordre professionnel a aussi lancé plusieurs campagnes de sensibilisation pour inciter le public et ses membres à signaler les cas de négligence, d’imprudence, de manque d’intégrité ou d’infraction.

Pour prévenir ces manquements, le nombre des inspections professionnelles, réalisées pour s’assurer que les ingénieurs et ingénieures détiennent les compétences nécessaires à l’exercice de la profession, a été revu à la hausse. Plus de 3000 inspections professionnelles sont effectuées chaque année. Cette mesure s’ajoute à l’obligation des membres de suivre 30 heures de formation continue tous les 2 ans.

Mener un suivi étroit

Si la tempête survenue dans la foulée de la commission Charbonneau est maintenant passée, l’Ordre veille à ce qu’aucune autre crise ne secoue une nouvelle fois la profession.

« Chaque année, on tient un lac-à-l’épaule et on réfléchit à notre planification stratégique. Et il y a régulièrement un sujet sur les moyens de prévenir une deuxième commission Charbonneau. Comment sait-on si ça ne nous pend pas au bout du nez ? »

La gestionnaire assure une vigie des enquêtes menées par le syndic au cas où des signalements de corruption et de collusion seraient transmis. L’ordre professionnel participe aussi à des forums, au cours desquels les services d’enquête, comme le Bureau de l’inspecteur général de la Ville de Montréal et l’Unité permanente anticorruption, échangent sur les nouvelles pratiques en matière de collusion. Des sondages sont également effectués auprès du public et des membres pour mesurer leur perception de la profession.

« On fait une multitude d’actions pour voir s’il y a une vague qui s’en vient », dit Kathy Baig. Elle insiste pour dire que cette réflexion sur l’amélioration de l’éthique dans la profession représente un travail en continu.

Miser sur le travail d’équipe

Si ce virage stratégique a été réalisé avec succès, c’est que le personnel interne a su mettre la main à la pâte et faire preuve d’engagement même si la confiance envers l’Ordre était au plus bas dans l’espace public, tient à souligner celle qui préside le conseil d’administration de l’Ordre. « Ce sont eux qui ont permis à la profession de retrouver ses lettres de noblesse », affirme-t-elle avec vigueur.

Kathy Baig a d’ailleurs constaté qu’au fil des dernières années, la mobilisation des membres de son équipe a connu un regain.

« Quand j’ai commencé, certains membres du personnel ne voulaient pas dire qu’ils travaillaient à l’Ordre. Aujourd’hui, ils sont plusieurs à en être fiers. Ils l’affichent sur leurs réseaux sociaux et ils invitent leurs proches à postuler pour des emplois à l’Ordre. C’est un des plus grands signes de succès. »

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Des questions, prenez rendez-vous avec Joëlle Zoghbi, chargée de programmes.

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